Micro Amphi

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Voici une sélection de propos d’étudiants interviewés à propos de leur pratique du plagiat via Internet.

(Méthodologie : Les interviews enregistrés ont été réalisées par une de nos étudiantes de 3ème année de Bachelor de l'université de Genève, et l'échantillon respectait les 15 cellules représentatives des 3 cycles et des 5 facultés principales. La confidentialité était assurée.)


Les heureux

“C’est amusant et c’est rentable. J’ai pas besoin de faire preuve de beaucoup d’imagination, les autres en ont pour moi. La vie est belle, il y a tellement de choses dont il faut profiter alors pourquoi perdre du temps pour rendre des travaux… Surtout que dans la plupart des cas, les profs liront à peine ma copie. Alors que ce soit moi ou un autre qui l’a écrite, qu’est-ce ça change ?” (Etudiant 3)

“Tricher ne m’a jamais empêché de dormir la nuit, car en fin de compte tout le monde le fait. Mais je sais pertinemment que ce n’est pas bien, mais je l’assume.” (Étudiant 7)

“En plus, je copie par inadvertance. Disons que j’ai profité de la triche de quelqu’un d’autre, mais je peux pas tout à fait dire que c’était vraiment de la triche pour moi. J’ai juste rien dit. En plus j’avais peur que l’on se fasse prendre. Mais bon, ca a été. Alors, c’est pas grave” (Étudiant 12)

“De toute façon les occasions (de fraude) ne sont pas si nombreuses que ca et puis je ne triche pas tout le temps non plus. Il ne faut pas croire, il m’arrive aussi de travailler.” (Étudiant 14)

Les organisés

“Internet est une sorte de pages jaunes géantes, on ne réfléchit plus à ce que l’on doit chercher ou trouver, on se borne à taper quelques mots et l’ordinateur fait le travail à notre place. C’est un peu comme si on avait un collaborateur que l’on ne paie pas, qui est efficace et en plus qui est rapide !” (Étudiant 5)

“Nous disposons d’une petite base de données nous permettant de chercher aisément les documents nécessaires. L’habitude fait que je me sens moins stressé. D’ailleurs, le fait d’être « si bien organisé » a parfois impressionné certains camarades, avec les filles ça donne un petit côté « bad boy ».” (Etudiant 2)


Les rationnels

“Si tout le monde a un jour triché ? Moi je dirais plutôt « penses-tu qu’il y ait un grand nombre de personnes qui n’ont jamais triché ? ». Honnêtement, il faudrait être sacrément naif pour croire qu’il existe encore des non-tricheurs. Ils sont même en voie d’extinction si tu veux mon avis.” (Étudiant 4)

“Honnêtement, dire à mes enfants que j’ai triché à une interro de latin à 15 ans je trouve ca moins pathétique que de dire que j’ai volé le travail d’un collègue quand j’en avais 35”. (Étudiant 11)

“A l’université, nous sommes tous plus ou moins égaux face à la triche, car nous sommes tous « pairs ». Dans un contexte de fraude nous sommes sur un même pied d’égalité pour tricher par Internet, alors que dans l’entreprise il y a des niveaux hiérarchiques dont un supérieur peu scrupuleux peut tirer profit pour exploiter les talents de ses subordonnés.” (Étudiant 6)

Les philosophes

“Et puis je pense sincèrement que la période de l’année y est pour beaucoup aussi. Par exemple, on aura plus tendance à tricher au printemps qu’en plein hiver ! Ça peut paraître bizarre comme raisonnement, mais ca se vérifie. Les jours sont plus longs, il fait généralement plutôt beau temps.” (Étudiant 8)

“Bien sûr en passant de l’université à la vie active, on ne change pas de cerveau, mais juste d’activité. Tricher est une conception de l’obtention de certaines choses par des voies plus rapides et moins coûteuses, en termes de temps tout comme d’argent.” (Étudiant 15)

“Les gens sont de plus en plus minimalistes, paresseux. Il ne s’agit là que de statistiques et de faits relatés par les médias : les jeunes sont de moins en moins intelligents. L’école ne fait plus vraiment son travail, alors arrivés à l’université, pour ceux qui y parviennent, nous jouons la carte du moindre effort.” (Étudiant 10)

 

Les soigneux

“Souvent les personnes dont on reprend des parties n’ont pas le même style, pas le même vocabulaire, il faut faire attention à la concordance des temps… Bref, ce n’est pas si simple que cela de « bien » copier, alors parfois mieux vaut ne pas perdre son temps en milliers de lectures et n’en avoir qu’une ou 2, une fois le travail terminé.” (Étudiant 9)

“Souvent les assistants sont aussi là pour nous aider. Le problème c’est que dans la plupart des cas, ils ne sont pas de langue maternelle française et du coup ils ne comprennent pas toujours ce qu’on leur demande ou les questions qu’on leur pose. Alors, on va sur Internet.” (Étudiant 13)